Nelson Atkins Museum of Art, Steven Holl (2007)
La ville de Kansas City, a cheval entre les Etats du Missouri et du Kansas, est une des principales agglomerations du Midwest. Elle s'etend dans la plaine vallonnee par le fleuve Missouri, avec sa grille imperturbable et ses constructions si peu denses qu'on a souvent du mal a apercevoir les batiments a travers les arbres. A dix miles au Sud du downtown, le musee Nelson Atkins est a l'origine un batiment neoclassique construit en 1933. Massif et symetrique, il est plante au sommet d'une colline en regardant son jardin de sculptures qui s'etend sur plus de deux kilometres en contrebas et qui se perd dans le paysage suburbain et verdoyant. Le batiment est organise autour d'un grand atrium central et traversant entre rue et parc (Nord-Sud) a partir duquel se deploient les salles dans deux ailes identiques Est et Ouest.
Bien que la façade principale soit orientee vers le parc, l'entree se trouvait de fait cote rue, precedee par un parking de surface qui occupait les quelques 50 metres de recul entre la façade du batiment et la rue. Lors du concours restreint lance en 1999 pour la construction d'une extension, le musee ayant explicitement demande aux architectes de respecter le rapport monumental du batiment classique avec son jardin, il etait implicite que l'extension devait se faire vers le nord, sur le terrain occupe par le parking. Et c'est cette solution qui a ete proposee par 4 des 5 concurrents.
Steven Holl lui, a choisi d'approcher le batiment de façon laterale, du cote est, en proposant un batiment partiellement enterre qui s'integre dans la topographie du jardin et emerge en 5 volumes plies entierement recouverts d'une peau de reglite translucide et opalescente. Le principe de "melanger l'architecture avec le paysage" selon les termes de Steven Holl a l'avantage de mettre en valeur le jardin et de donner au batiment neuf une veritable place sans pour autant alterer les proprietes du batiment existant. A l'emplacement de l'ancienne aire de stationnement, Steven Holl enterre le nouveau parking et cree en surface une esplanade et un plan d'eau qui reoriente le batiment ancien vers la ville tout en donnant une façade a l'extension dont la premiere "lentille" referme la place vers l'est.
La problematique de l'acces est recurrente dans toutes les extensions de musees. L'ajout d'un nouveau batiment necessite en general de creer une nouvelle entree. Celle-ci a pour objectifs, d'une part, d'intégrer une serie de commodites dont le fonctionnement permet de rapporter de l'argent au musee (cafe, boutique, salle de reception, etc..) et d'autre part de refaçonner l'image de l'institution dans une nouvelle facade et un nouveau hall. Au Nelson Atkins, en profitant de la gratuite militante du musee, Steven Holl a pousse cette question plus loin en multipliant les entrees du batiment depuis l'exterieur sans reellement les manifester de façon ostentatoire pour ne pas obstruer la lecture de l'entree monumentale du batiment classique. Le musee est donc "poreux", pour reprendre le vocabulaire de Steven Holl, en continuite de parcours avec le jardin dans lequel il se fond, creant ainsi une experience riche entre le jardin et les deux parties du musee. En revanche, Steven Holl n'a pas omis de donner une identite a la reelle entree principale: le parking : Enterre sous la nouvelle place, il est éclaire zenithalement a travers une serie d'ouvertures circulaires sous un grand plan d'eau dans lequel se refletent les batiments. La lumiere ainsi difractee vient projeter ses reflets aquatiques qui mettent en valeur une poutraison de beton dont la coupe forme un plafond ondule. Au bout du parking, la façade lumineuse de reglite, qui identifie le nouveau batiment depuis l'exterieur, cree un appel de lumiere et guide le visiteur directement dans l'espace du hall qui se deploie en rampe d'un niveau a l'autre.
La principale caracteristique de l'espace du musee reside sans soute dans la presence constante, bien que modulee, de la lumiere naturelle. Ainsi que nous l'a relate Mme Dana Knapp (directrice des travaux pour le musee), la question de la lumiere naturelle a ete posee de façon tres claire par le musee et a abouti a une serie de choix particulierement judicieux. D'abord la lumiere artificielle serait utilisee pour fournir l'eclairage requis pour les oeuvres alors que la lumiere naturelle, toujours filtree pour ne pas endommager les oeuvres, donnerait a l'espace une ambiance avec sa qualite changeante qui maintient une relation avec l'exterieur. Ensuite, les solutions technologiques de filtrage de la lumiere naturelle seraient bannies au profit de solutions simples et ne necessitant pas de manipulations.
La solution adoptee est donc constituee par la peau meme des volumes emergeants ou "lentilles" : la peau de reglite exterieur est separee de la peau de verre sable interieure par un vide visitable de 1 metre dans lequel on trouve un systeme de stores dont la superposition peut faire varier l'intensite de la lumière deja filtree par la reglite. La structure metallique de la façade ainsi qu'un dispositif lumineux permettant d'eclairer les murs de verre depuis l'interieur se trouvent egalement pris dans l'épaisseur de la double peau. Dans cette recherche sur une peau mono-matiere que l'on retrouve dans le travail de nombreux architectes contemporains, Steven Holl n'hesite pas a interrompre son systeme en creant, lorsqu'il souhaite des vues, des percements qui perturbent la purete de la peau mais creent des relations directes avec l'exterieur.
Le rapport entre l'espace architectural et la museographie semble ici avoir fait l'objet d'une ligne imaginaire a 3 metres du sol. Les salles d'expositions, dont les empruntes en plan sont relativement sages en se rapprochant du rectangle, offrent des surfaces d'accrochages assez conventionnelles, sans ouverture sur l'exterieur. Mais les plafonds sont façonnes, sculptes, epluches pour laisser passer la lumiere qui glisse le long des poteaux en T – des voiles qui se courbent en demi voute et qui supportent les "lentilles". On a donc des salles presque standard sur le plan de l'usage mais dont la richesse spatiale et la force de leur l'identite sont garanties par le plafond.
En se developpant le long de la pente du jardin, la circulation principale du musee forme une grande rampe qui relie les salles entre-elles ainsi que les niveaux du parking, du jardin et de la place. Les salles d'expositions qui sont disposees en enfilade sont connectees par de petits escaliers de quelques marches dans un enchainement fluide. Il y a donc deux parcours distincts entre lesquels le visiteur peut alterner et qui permettent de rendre accessible aux handicapes chacun des espaces sans jamais avoir besoin d'ascenseurs ou de monte personnes. Chacune des baies qui relient les salles d'expositions avec la rampe ou "gallery walk" est equipee d'une porte pivotante ou coulissante colossale qui permet d'isoler les salles de la circulation lors d'evenements exceptionnels. Le parcours est rythme en sequences par les voiles en T, disposes perpendiculairement a la circulation et qui amenent la lumière naturelle.
On retrouve dans ce batiment, l'univers imaginaire des aquarelles de Steven Holl, une richesse spatiale en meme temps tres abstraite et completement physique jusque dans les moindres details. On a passe la journee entiere dans cet espace captivant. On a quitte le site apres la tombee du jour lorsque les "lentilles" s'eclairent comme des lanternes et illuminent le site de leur halo blanc comme une installation de land art.
Bien que la façade principale soit orientee vers le parc, l'entree se trouvait de fait cote rue, precedee par un parking de surface qui occupait les quelques 50 metres de recul entre la façade du batiment et la rue. Lors du concours restreint lance en 1999 pour la construction d'une extension, le musee ayant explicitement demande aux architectes de respecter le rapport monumental du batiment classique avec son jardin, il etait implicite que l'extension devait se faire vers le nord, sur le terrain occupe par le parking. Et c'est cette solution qui a ete proposee par 4 des 5 concurrents.
Steven Holl lui, a choisi d'approcher le batiment de façon laterale, du cote est, en proposant un batiment partiellement enterre qui s'integre dans la topographie du jardin et emerge en 5 volumes plies entierement recouverts d'une peau de reglite translucide et opalescente. Le principe de "melanger l'architecture avec le paysage" selon les termes de Steven Holl a l'avantage de mettre en valeur le jardin et de donner au batiment neuf une veritable place sans pour autant alterer les proprietes du batiment existant. A l'emplacement de l'ancienne aire de stationnement, Steven Holl enterre le nouveau parking et cree en surface une esplanade et un plan d'eau qui reoriente le batiment ancien vers la ville tout en donnant une façade a l'extension dont la premiere "lentille" referme la place vers l'est.
La problematique de l'acces est recurrente dans toutes les extensions de musees. L'ajout d'un nouveau batiment necessite en general de creer une nouvelle entree. Celle-ci a pour objectifs, d'une part, d'intégrer une serie de commodites dont le fonctionnement permet de rapporter de l'argent au musee (cafe, boutique, salle de reception, etc..) et d'autre part de refaçonner l'image de l'institution dans une nouvelle facade et un nouveau hall. Au Nelson Atkins, en profitant de la gratuite militante du musee, Steven Holl a pousse cette question plus loin en multipliant les entrees du batiment depuis l'exterieur sans reellement les manifester de façon ostentatoire pour ne pas obstruer la lecture de l'entree monumentale du batiment classique. Le musee est donc "poreux", pour reprendre le vocabulaire de Steven Holl, en continuite de parcours avec le jardin dans lequel il se fond, creant ainsi une experience riche entre le jardin et les deux parties du musee. En revanche, Steven Holl n'a pas omis de donner une identite a la reelle entree principale: le parking : Enterre sous la nouvelle place, il est éclaire zenithalement a travers une serie d'ouvertures circulaires sous un grand plan d'eau dans lequel se refletent les batiments. La lumiere ainsi difractee vient projeter ses reflets aquatiques qui mettent en valeur une poutraison de beton dont la coupe forme un plafond ondule. Au bout du parking, la façade lumineuse de reglite, qui identifie le nouveau batiment depuis l'exterieur, cree un appel de lumiere et guide le visiteur directement dans l'espace du hall qui se deploie en rampe d'un niveau a l'autre.
La principale caracteristique de l'espace du musee reside sans soute dans la presence constante, bien que modulee, de la lumiere naturelle. Ainsi que nous l'a relate Mme Dana Knapp (directrice des travaux pour le musee), la question de la lumiere naturelle a ete posee de façon tres claire par le musee et a abouti a une serie de choix particulierement judicieux. D'abord la lumiere artificielle serait utilisee pour fournir l'eclairage requis pour les oeuvres alors que la lumiere naturelle, toujours filtree pour ne pas endommager les oeuvres, donnerait a l'espace une ambiance avec sa qualite changeante qui maintient une relation avec l'exterieur. Ensuite, les solutions technologiques de filtrage de la lumiere naturelle seraient bannies au profit de solutions simples et ne necessitant pas de manipulations.
La solution adoptee est donc constituee par la peau meme des volumes emergeants ou "lentilles" : la peau de reglite exterieur est separee de la peau de verre sable interieure par un vide visitable de 1 metre dans lequel on trouve un systeme de stores dont la superposition peut faire varier l'intensite de la lumière deja filtree par la reglite. La structure metallique de la façade ainsi qu'un dispositif lumineux permettant d'eclairer les murs de verre depuis l'interieur se trouvent egalement pris dans l'épaisseur de la double peau. Dans cette recherche sur une peau mono-matiere que l'on retrouve dans le travail de nombreux architectes contemporains, Steven Holl n'hesite pas a interrompre son systeme en creant, lorsqu'il souhaite des vues, des percements qui perturbent la purete de la peau mais creent des relations directes avec l'exterieur.
Le rapport entre l'espace architectural et la museographie semble ici avoir fait l'objet d'une ligne imaginaire a 3 metres du sol. Les salles d'expositions, dont les empruntes en plan sont relativement sages en se rapprochant du rectangle, offrent des surfaces d'accrochages assez conventionnelles, sans ouverture sur l'exterieur. Mais les plafonds sont façonnes, sculptes, epluches pour laisser passer la lumiere qui glisse le long des poteaux en T – des voiles qui se courbent en demi voute et qui supportent les "lentilles". On a donc des salles presque standard sur le plan de l'usage mais dont la richesse spatiale et la force de leur l'identite sont garanties par le plafond.
En se developpant le long de la pente du jardin, la circulation principale du musee forme une grande rampe qui relie les salles entre-elles ainsi que les niveaux du parking, du jardin et de la place. Les salles d'expositions qui sont disposees en enfilade sont connectees par de petits escaliers de quelques marches dans un enchainement fluide. Il y a donc deux parcours distincts entre lesquels le visiteur peut alterner et qui permettent de rendre accessible aux handicapes chacun des espaces sans jamais avoir besoin d'ascenseurs ou de monte personnes. Chacune des baies qui relient les salles d'expositions avec la rampe ou "gallery walk" est equipee d'une porte pivotante ou coulissante colossale qui permet d'isoler les salles de la circulation lors d'evenements exceptionnels. Le parcours est rythme en sequences par les voiles en T, disposes perpendiculairement a la circulation et qui amenent la lumière naturelle.
On retrouve dans ce batiment, l'univers imaginaire des aquarelles de Steven Holl, une richesse spatiale en meme temps tres abstraite et completement physique jusque dans les moindres details. On a passe la journee entiere dans cet espace captivant. On a quitte le site apres la tombee du jour lorsque les "lentilles" s'eclairent comme des lanternes et illuminent le site de leur halo blanc comme une installation de land art.
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