Quand on lit les interviews de Renzo Piano qui raconte sa relation avec Madame de Menil. On est frappe par l'exactitude avec la quelle le batiment a accompli les volontes de cette collectionneuse eclairee : D'abord, Piano raconte qu'en preambule, Dominique de Mesnil lui a dit qu'elle n'aimais pas Beaubourg mais qu'elle avais apprecie la façon dont Piano y avait aborde la question du musee. Elle a clairement formule le desir d'un batiment petit de l'exterieur et grand de l'interieur, entierement consacre a la contemplation de l'art et libere des attributs commerciaux des musees (cafes, restaurants, librairie, etc...). Elle avais egalement un vision tres precise de l'environnement : elle souhaitait que le musee soit construit dans un village. Ce "village", elle et son mari se sont consacre a le constituer bien avant que le projet du batiment ne se concretise. Ils ont choisi un morceau assez banal de banlieue pavillonnaire de Houston situe au centre de l'agglomeration – est il utile de preciser que la ville de Houston, comme de nombreuses villes americaines est constituee d'une part d'un "downtown" plus ou moins dense fait de grattes ciels et de parkings entoures de quartiers tres peu denses sectorises par fonction : zones residentielles, zones commerciales, zones tertiaires etc... Cette forme de ville qu'on appelle ici sprawl (etalement) est tres different de la notion europeenne de banlieue qui est toujours en relation avec un centre c'est pourquoi on peut parler de banlieue au centre – Le morceau de banlieue choisi par les de Mesnil a tout de meme la particularite d'etre constituee d'une trame viaire en forme de grille ouverte et non de desserte en cul de sac. Le batiment etend ses deux travees de un et deux niveaux sur pres de 100m de long, dimension qui ne l'empeche pas de se rapprocher de l'echelle des maisons qui l'entourent et auxquels le bardage en bois de la façade du musee fait explicitement echo. Pour accentuer cette unite de materiaux, les façades du musee et des maisons sont peintes dans la meme teinte de gris. Le quartier verdoyant apparait ainsi comme un environnement tres homogene, une sorte de jardin culturel qui regroupe autour de la mesnil collection, plusieurs autres musees et chapelles : un espace public donne a la ville dans lequel les gens viennent picn-niquer, jouer, se reposer a l'ombre des chenes verts. Le batiment de Piano est opaque sur la majorite de sa peripherie a l'exception des entrees largement vitrees. Il presente un peristyle couvert par le prolongement du dispositif de filtrage de lumiere du musee qui se donne a lire en coupe sur la façade. La rigueur de l'ordonnancement et les grands pans de façade en bois gris lui donnent un caractere assez austere depuis l'exterieur. L'espace interieur tres minimaliste est caracterise par ce travail de plafond qui diffuse la lumiere de façon uniforme et cree une atmosphere a la fois tres intime et presque religieuse qui semble repondre parfaitement aux volontes de Mme de Mesnil. On trouve dans ces espaces fluides une lumiere abstraite qui fait penser a celle de Kahn chez qui Piano a travaille dans sa jeunesse et quelque part l'influence musee Kimbell.
jeudi 17 avril 2008
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