samedi 19 avril 2008

km 8170 : Fort Worth

Juxtapose au downtown de Fort Worth, le "art district" accumule une serie d'institutions le long de grandes alles plantees. Chaque musee occupe un ilot avec son inevitable parking. On a l'impression de se promener dans un grand jeu d'echecs sans que jamais aucun espace ne naisse dans les rues qui separent les ilots comme autant de mondes interieurs. Le site se developpe sur une longue bande en pente douce. Chacun des 3 principaux musees est implante le long de cette pente et la gere differement : respectivement de haut en bas, le Amon Carter (Philip Johnson), le Kimbell Art Museum (Louis Kahn) et le Modern Art Museum (Tadao Ando).

Le Amon Carter Museum, tout en haut de la pente s'ouvre sur une esplanade qui fait face au skyline du Downtown de Fort Worth. Le batiment avec sa colonnade en beton se tient d'un façon exagerement monumentale face a la ville. L'architecture et les espaces interieurs sont un peu lourds ne supportent pas la comparaison avec les deux voisins...

Kimbell Art Museum, Louis Kahn (1972)Le musee au centre de l'ilot est entoure par un dispositif paysage qui joue sur la topographie et cree un denivele de un niveau entre les facades Est et Ouest, en creant un parking habilement encaisse par rapport au niveau de la rue. Le batiment apparait ainsi tres bas et horizontal derriere les arbres. Il presente un seul niveau de voutes semi-elliptiques qui se donnent a lire en coupe sur la façade de beton et de travertin alors que le musee se developpe en realite sur deux etages (l'etage inferieur abrite l'administration et les reserves). Le batiment est une icone de l'architecture, on l'a vu 100 fois en photo, en plan, on connait la coupe par coeur et pourtant, en entrant, on se rend compte a quel point aucun document ne peut rendre compte de l'experience de l'espace et de la lumiere qui nous saisit. Il y a quelque chose de limpide et de magique. Chaque element du batiment est separe des autres comme si chacun avait besoin de son espace pour respirer : les voutes, la structutre en beton, le remplissage en travertin et le sol sont ainsi detaches et parfaitement identifiables. La lumiere apparait elle aussi clairement comme un element a part entiere que l'on peut isoler : c'est une lumiere que nous n'avons vu nulle part ailleurs. Entre les elements, dans les vides et les interstices, se logent les espaces servants (ventilation, portes escamotables, lumirere zenithale pour l'etage inferieur). Malgre le fait que chaque element soit identifialble, on ressent l'espace dans une unite dont rien ne peut etre retranche. Indescriptible.

Fort Worth Art Museum, Tadao Ando (2002)

Tout en bas de la pente, le Modern Art Museum deploit ses cinq grandes travees perpendiculairement a celles du Kimbell sur un terrain arrase. Les volumes de verre de Tadao Ando sont abrites par leurs toitures en beton saillantes et se refletent dans un grand plan d'eau. La pente est rattrapee par un grand mur d'enceinte qui forme soutenement et qui coupe litteralement le musee de son environnement proche lui laissant pour seule facade, celle qu'il presente au grand parking qui le separe de la rue. C'est un traitement un peu simple qui donne le sentiment que le batiment est hors d'echelle. Par contre, les espaces interieurs du musee sont tres beaux et tres bien dessines mais peut-etre trop propres ou trop dispendieux.


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