Le Getty Center apparait dans une courbe du freeway, perche comme l'acropole en haut de sa colline boisee. De tres loin, on sent deja le cote colossal de l'institution. L'ensemble de batiments fragmentes par Richard Meier ne parvient pas a faire oublier la taille gigantesque du complexe qui se dresse seul completement deconnecte de la ville. On y arrive en voiture – et en voiture seulement – depuis l'autoroute. L'experience commence a la sortie du parking de 1200 places ou un funiculaire mene toutes les 4 minutes les visiteurs en haut de la colline.
Arrive en haut, on est pris dans le lyrisme de l'architecture qui accumule tous les effets de styles que Meier a pu developper au cours de sa longue pratique. Les pavillons distincts et relies par les multiples passerelles et escaliers de toutes formes se melangent avec le panorama spectaculaire offrant des vues a 360 degres sur la ville, la mer, les collines. La multitude et la richesse des espaces font de la visite du musee une experience spatiale plus interessante que la decouverte de sa collection dont la qualite est loin d'etre a la hauteur de la pretention affichee du musee de compter parmi les grandes institutions mondiales. Du fait de son isolement, le musee offre une grande liberte dans les parcours : les visiteurs passent de l'interieur (dans les salles d'exposition) a l'exterieur (sur des terrasses panoramiques), ils peuvent suivre l'ordre chronologique de l'accrochage ou monter et descendre a leur guise dans chaque pavillon, faire une pause dans le patio central ou dans le jardin...
Mais, on sent en parcourant le site une serie d'incoherences, dues en particulier a des exigences du client contradictoires avec l'architecture de Meier.
Il y a tout d'abord la pierre de parement qui semble etrangere au vocabulaire formel de Meier, dont les Trustees ont rejetes les habituels panneaux en tole emaillee blanche. Certains elements, comme les colonnes au dessus du restaurant, semblent du coup grotesques recouverts de ce travertin beige et rugueux agrafe avec les joints ouverts.
A l'interieur, les boiseries, les moulures, et tout un vocabulaire traditionnel trahit une volonte- surement du client - de donner un cachet classique aux salles, antagoniste avec l'ecriture neo-moderne des atriums dessines par Meier.
Enfin, l'amenagement paysager du site, avec des jardins dessines par l'artiste (non paysagiste) Robert Irwin se marie mal avec l'architecture des batiments. On aurait prefere un traitement plus sobre et naturel, au lieu de quoi Irwin propose un jardin extrement dessine et complique qui multiplie les recoins et les parcours "bucoliques" accompagnes de jeux d'eaux. En realite, cet univers ne parvient qu'a exacerber la dimension baroque du Centre et rend l'ensemble plutot kitch.
Cet arriere (mauvais) gout un peu baroque, on le sent de façon beaucoup plus evidente a la Getty Villa, le site d'origine du musee a Malibu. Il s'agit d'une villa romaine "reconstituee" qui vient d'etre renovee par les architectes Machiado & Silvetti. La, le beton brut flirte avec le marbre de la villa romaine et on devine les contraintes que le client a fait peser sur les architectes des deux sites.
Dans sa dimension spectaculaire aussi bien que dans son univers parfaitement controle, le Getty fait finalement plus penser a Disneyland qu'au musee du Louvre. C'est clairement un espace de loisirs ou on trouve des activites ludiques pour tous les ages sur un "arriere theme" de culture...
Getty Center, Richard Meier (1984-97)
Getty Villa extension, Machiado & Silvetti (2006)
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