jeudi 21 août 2008

Walker Art Center

Walker Art Center, Herzog et de Meuron (2005)

Le projet de Herzog et de Meuron est une extension d'un batiment construit en 1945 par Edward Larabee Barnes. En 2000, l'equipe d'architectes suisses est embauchee (sans concours) pour concevoir un centre d'art que Kathy Halbreich, le directeur du musee a cette epoque, qualifiait de "More than a museum: a pionneering 21st century multidisciplinary art center". Et, pendant 6 ans, les architectes, en constante discussion avec les differentes equipes du Centre, vont imaginer puis construire ce musee qui se veut etre multidisciplinaire a la jonction entre les arts visuels, le theatre et les nouveaux medias.
L'extension conserve le batiment d'origine comme principal espace d'exposition qui se déploie verticalement suivant un plan complexe et tres savant qui articule une ascension progressive en spirale d'une salle d'exposition a l'autre. Il est complete et transforme par l'ajout de deux galeries, d'un restaurant, d'ateliers educatifs, d'une boutique, de bureaux, d'un parking et surtout d'un theatre, le tout relie par des espaces "lounge" de detente et multimedia.

L'une des premieres volontes de ce projet a ete de donner au Walker un role civique dans la ville de Minneapolis. Situe a la limite du downtown, le musee est separe du centre ville par une rocade plutot hostile. A l'origine, le musee tournait le dos a la ville pour s'ouvrir sur son jardin oriente vers un quartier residentiel plus calme. Il s'agit en fait d'un parc qui s'inscrit dans l'emprise d'une ceinture verte planifiee par Frederick Law Olmsted (partiellement realisee) et le nouveau projet conserve le hall existant et renforce la relation avec le parc sous lequel vient s'enterre le nouveau parking. Mais l'extension tente egalement de redonner au batiment une facade sur le boulevard en proposant un second hall ouvert sur une place plus urbaine ponctuee de cercles de pelouse. A l'interieur, la volonte de creer un nouvel espace public est clairement affirmee: le musee est traverse de part en part par une "rue" tortueuse qui relie les deux halls, en desservant des "salons" en guise de places et des espaces d'exposition. Ce passage est accessible a tous sans ticket.

D'une maniere generale, l'approche de Herzog et de Meuron a consiste a completer et a prolonger l'existant en creant un dialogue entre les deux batiments qui confere une coherence particuliere a l'ensemble.
Ainsi, dans un principe d'equilibre et de contrepoint, sur le boulevard, le volume en levitation de la nouvelle salle de spectacle dans sa peau de metal deploye froisse et scintillante repond au volume en brique massif de l'ancien batiment. De meme, le jeu des toitures-terrasses etagees du batiment de Barnes est prolonge par le socle de verre formant vitrine sur la rue.
A l'interieur, les architectes ont pioche certains elements constitutifs de l'ancien batiment pour les integrer dans les nouveaux espaces. On retrouve ainsi une continuite de sol en briques fumees ainsi qu'un travail tres subtile de reinterpretation de la structure de poutres de beton prefabrique en T qui caracterisent les plafonds des salles d'exposition existantes.

Il faut reconnaitre que le musee original de Barnes, de grande qualite, a offert une base de travail riche aux architectes dont ils ont su extraordinairement bien tirer parti sans amoindrir leurs thematiques architecturales propres. Dans ce musee, plus qu'ailleurs, on voit parfaitement la relation qu'il existe entre les recherches d'Herzog et de Meuron et l'art contemporain. Le travail sur l'ornementation, en particulier, est ici tres abouti: depuis l'exterieur jusqu'a l'interieur, on retrouve un motif floral continu traite de mille manieres. Les espaces d'expositions atteignent ici aussi un degre d'abstraction fascinant avec un plafond strie de poutres (structurelles ou non), un effacement total du dispositif de ventilation, et surtout un traitement des sas d'entree des salles a la fois sculptural dans leur forme, graphiques par leur motif et "turrellien" dans la facon dont ils cadrent la lumiere.

On reste cependant septique en ce qui concerne le principe de circulation dont le but est sans doute de proposer des parcours originaux aux visiteurs mais il est un peu decourageant d'essayer d'atteindre le cafe au 6e etage du batiment de Barnes lorsqu'on rentre dans le musee depuis le nouveau hall... De meme, en proposant une circulation verticale pour le nouveau theatre totalement independante de celle des salles d'expositions, on ne retrouve pas l'ambition annoncee en matiere d'interpenetration des arts sans parler des espaces multimedia qui restent pour le moins marginaux. Mais notre deception concerne surtout le traitement du jardin qui a ete laisse a l'etat d'ebauche pour des raisons budgetaires: on espere que la nouvelle direction trouvera les moyens de realiser le jardin de Michel Desvignes, qui fait sans aucun doute partie integrante du projet.

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